Approche critique de l'EPS et de l'Unss d'aujourd'hui

L’unss se cherche, son identité semble encore obscure, alors elle tente de se légitimer dans l’école par une multiplication sans contrôle des apsa (une cinquantaine au championnat de France) qui jouent le rôle d’appel publicitaire auprès des pouvoirs publics et des élèves.

Nous soutenons l’idée qu’il est important de conserver une visibilité nationale par des championnats de France rationalisés. Mais l’Unss ne peut pas se contenter d’un éparpillement des forces humaines ainsi que d’une reproduction complète du monde fédéral. Une voie possible choisie par de nombreux enseignants est de trouver de nouvelles formes de pratique pour donner une impulsion nouvelle à l’Unss.

Tout d’abord, l’Unss recopie les apsa issues du monde sportif en proposant  les mêmes formes de compétitions que dans la sphère fédérale. Le plus grave est que les vainqueurs des différentes compétitions se retrouvent à l’identique dans celles organisées par le monde fédéral. Qui n’a pas ressenti une certaine gêne, pour ne pas dire plus, à voir son équipe de sports collectifs être éliminée par une équipe unss qui émane entièrement du club sportif voisin et pour qui jouer contre des « élèves normaux » n’est qu’une perte de temps ?

On peut se poser à juste titre la question de  l’originalité et de la spécificité de l’unss en tant que fédération sportive attachée au monde scolaire ainsi que de notre rôle pédagogique collectif.

Cette spécialisation à outrance des apsa aux championnats de France ne conduit pas à une démocratisation des  pratiques. Dans certaines compétitions nationales ou académiques, le nombre de pratiquants est extrêmement faible nous faisant réfléchir sur la validité de ces rencontres sportives.

C’est pourquoi nous émettons la proposition d’une limitation nationale du nombre d’apsa au championnat de France avec rotation annuelle de ces dernières.

Le BO N°6 du 28 août 2008 qui présente le programme du collège met en valeur huit groupes d’activités. Afin de rationaliser les compétitions nationales, nous pourrions prendre chaque année une ou deux apsa dans chaque groupe, ce qui donnerait plus de cohérence entre l’enseignement de l’EPS et les pratiques à l’Unss. Certaines apsa au regard de leur impact sur les élèves, du nombre de pratiquants pourraient apparaître chaque année.

Dans le cas des sports collectifs, utilisons une classification communément admise qui nous sera d’une grande utilité pour faire des choix efficaces

Le travail à long terme pourrait se faire non plus sur une apsa en particulier, mais sur un groupe d’apsa et surtout sur la qualité du rapport entre un enseignant et un groupe d’élèves. Nous pensons que c’est à ce niveau primordial que se joue la légitimité de l’unss pour les années à venir.

Ces rotations d’apsa permettraient aussi une rotation des équipes d’élèves et d’enseignants qui montent aux championnats de France.

De plus la diminution drastique du nombre d’apsa  aux championnats de France permettrait un éloignement salvateur de notre association scolaire d’une présence de plus en plus encombrante des fédérations sportives. Nous pourrions alors donner libre court à notre imagination pour généraliser des épreuves compétitives marquées par la mixité, ce qui serait dans la lignée des exigences disciplinaires. A l’instar des heures obligatoires d’EPS, l’association sportive d’un établissement apporterait « sa pierre à l’évolution des mentalités »…et favoriserait  « à sa façon le vivre ensemble et l’équité entre les sexes » (1). Cet axe de travail permettrait une fois de plus de toucher  dans le cadre des épreuves finales des élèves qui n’ont pas l’habitude d’être abonnés des grands rendez-vous de l’unss. C’est ici que résidera notre originalité et notre différence mais surtout notre légitimité en tant que structure intégrée dans l’école.

Enfin, la richesse de l’unss quant à ses propositions sportives n’est pas à remettre en question. Les districts les plus vivants démontrent chaque année leur capacité à créer des compétitions locales, départementales ou encore des modes de pratique plus souples reposant sur le plaisir, le bien être, la pratique libre attirant de plus en plus d’élèves sans forcement avoir une finalité nationale.

            Ainsi dans le district de Hyères, une action forte est menée par les enseignants d’EPS dans le cadre d’APSA tels que le sand-ball ou encore le beach volley qui attirent énormément d’élèves. L’ambiance de qualité est favorisée par un auto-arbitrage et une gestion de la compétition par les élèves sous la responsabilité des enseignants. Si la compétition représente un vecteur de motivation, elle n’est pas unique car pour beaucoup d’élèves il s’agit tout simplement de vivre une expérience sportive dans un groupe donné.

           Nous pouvons aussi rester au niveau de l’établissement scolaire en multipliant les compétitions intra établissement comme nous le proposons chaque année par l’organisation d’un tournoi annuel de football géré par les élèves. Moment sportif fort de l’année où les vainqueurs ont la fierté de rencontrer une équipe d’enseignants issue des différentes disciplines scolaires et cela devant les élèves-spectateurs du collège.      

           Cependant, il y a aussi une vie pour l’association sportive de l’établissement au travers d’activités non compétitives. Les pratiques d’entretien corporel type fitness, musculation, stretching attirent une population nouvelle que nous ne touchions pas dans un passé récent. Ces élèves dont beaucoup de filles se satisfont de ces modes de pratique simple, sans opposition  et où se mêlent des activités de détente, de musculation, d’étirement et qui ont déjà été abordées par geneviève Gogérino (2).

           L’apport considérable de l’unss ne repose pas uniquement sur les APSA qu’elle organise. Nous menons actuellement une collaboration avec la documentaliste de notre établissement pour donner vie à une proposition nationale de créer des jeunes reporters sportifs internes à l’établissement. Ce travail qui ne regroupe pas plus d’une quinzaine d’élèves pour des problèmes d’organisation et de mise en oeuvre  est l’exemple même d’expériences pédagogiques rapprochant notre association de l’école et donc renforçant son implantation dans celle-ci.

Mais on sait que tout cela demande des moyens financiers plus importants alors que les associations sportives de chaque établissement rencontrent de plus en plus de problèmes pour gérer les fins d’année et que les districts en  pâtissent en conséquences. L’argent économisé sur des compétitions nationales serait réinvesti sur le local, lieu de toutes les innovations et créations de l’unss où notre structure collective trouvera une nouvelle légitimité.

Si l’unss est à la recherche d’une démonstration de son utilité sociale, elle ne résidera pas à nos yeux dans une multiplication à l’infini des supports culturels mais plutôt dans la qualité pédagogique que chaque enseignant sera susceptible d’offrir dans le cadre de championnats rationalisés et diversifiés mais aussi par l’intermédiaire de pratiques nouvelles et motivantes pour les élèves.

(1)Michel VOLONDAT, « Entretien avec….. » Revue EPS N°332, p8, 2008

(2)Dossier EPS N°37 « Des pratiques d’entretien corporel aux connaissances d’accompagnement »

Frédéric BERNARD, professeur d' Education Physique et Sportive